mercredi 30 avril 2014

Contre la mucoviscidose, le combat continue - Grégory Lemarchal, 7 ans déjà


1er mai 2007. J'ai dix ans, je suis en CM2 et mes parents n'ont jamais voulu que je regarde la Star Academy. Je suis dans la voiture, en train de zapper mécaniquement les stations de radio, jusqu'à ce moment où je tombe sur une voix familière. Une voix incroyable, presque angélique, qui a ce don de vous laisser bouche bée pendant une durée indéterminée. Grégory Lemarchal. Pour la petite fille que je suis, malgré sa maladie dont j'ai maintes fois entendu parler comme d'une "saloperie de maladie", cet homme est immortel. Un ange descendu du Ciel. Pourtant, à la fin de la chanson, l'animateur de cette station de radio reprend le micro et prononce ces mots : "c'était Grégory Lemarchal, qui nous a quittés hier". Je connais le sens de cette expression, ce doux euphémisme, mais je ne peux me résoudre à y croire. Impossible. Il doit sûrement être en train de dire que Greg était à la radio la veille et qu'il en est parti, voilà tout. Je m'obstine à croire que l'animateur a mal choisi ses mots, que l'ange est toujours parmi nous. Mais en rentrant à la maison, je ne peux rester dans cette situation de doute et vérifie immédiatement sur Internet. Les médias sont unanimes : Grégory Lemarchal est décédé hier, 30 avril 2007, à 23 ans, des suites de la mucoviscidose. Je me plonge dans mon lit et éclate en sanglots. Pourquoi ? Pourquoi les meilleurs partent-ils toujours les premiers ? Cette nuit-là, je m'en souviendrai toute ma vie. Impossible de fermer l’œil. Impossible d'accepter une telle nouvelle.

Malgré mon jeune âge, je me mets aussitôt à récolter un maximum d'informations sur la maladie dont souffrait Grégory. J'en apprends plus sur les soins apportés aux malades, les associations qui luttent contre cette "saloperie", les possibilités d'agir pour espérer un jour l'éradiquer totalement. Je me renseigne sur les "Virades de l'espoir", dont j'avais déjà entendu parler à l'école. Mais aussi sur l'association "Vaincre la mucoviscidose" et sur le don d'organes. Je ne suis pas la seule à être bouleversée par ce décès et à vouloir désormais me battre pour aider des milliers de gens à s'en sortir. Malheureusement, pour Grégory et bien d'autres, il est trop tard.



Le décès de Grégory aura au moins pu faire bouger les choses. Grâce à sa médiatisation, son capital sympathie auprès du public, son éternel courage, le petit ange se sera fait porte-parole de milliers de jeunes qui, comme lui, n'attendaient qu'une petite greffe pour enfin vivre. Pour enfin respirer.


Aujourd'hui, cela fait sept ans que Grégory Lemarchal nous a quittés. Sept ans de combat, sept ans pendant lesquels son papa Pierre, sa maman Laurence et sa sœur Leslie - son carré d'as comme ils se plaisaient à s'appeler -, mais également ses proches, Karine ou Nikos notamment, ont pris le relais et parviennent à faire bouger les choses. A l'aide de manifestations comme les Virades toujours, ou la Fête de la Vie, mais également grâce à des concerts que Pierre organise régulièrement, l'association Grégory Lemarchal représente aujourd'hui un espoir de plus de vaincre la mucoviscidose.


Mais rien n'est encore fait. En 2014, 6000 personnes sont atteintes de la mucoviscidose en France, et 70000 dans le monde. Et bien que l'espérance de vie se situe à plus de 46 ans, l'âge moyen du décès n'est que de 27 ans, et chaque année encore des centaines de jeunes sont arrachés à leurs familles. Pourquoi ? Sans doute parce que le don d'organe reste encore un sujet souvent tabou pour beaucoup de français. J'en discute régulièrement autour de moi. Mes parents sont donneurs, mes frères et sœurs encore un peu trop jeunes pour être réellement conscients de ce dont il s'agit. Mais les réactions de mes amis me surprennent toujours. Pour certains, le don d'organes "fait peur". J'entends souvent autour de moi : "je ne me vois pas me faire découper". Mais rendez vous bien compte, on ne parle de ça qu'en cas de MORT ! Votre corps ne vous sera plus d'aucune utilité, quand bien même vous puissiez croire à la réincarnation ou à une vie dans les Cieux après la mort. Si chacun clamait haut et fort sa volonté de donner ses organes en cas de mort, nous n'en serions pas là. N'oubliez pas, il s'agit là de l'action la plus simple et pourtant la plus importante, pour espérer enfin tuer cette "putain de maladie".



Pour autant, l'association a également besoin de donateurs, sans qui elle ne pourrait continuer à exister. La moindre somme peut tout changer. Equipements médicaux, aménagements des hôpitaux, confort des malades, recherche de traitements... Sans argent, on ne peut rien. Il n'y a malheureusement pas que le Téléthon ou les Enfoirés qui ont besoin d'aide... "Moins de dons, c'est moins d'espoir" n'a de cesse de répéter Pierre Lemarchal, papa de Grégory et Président de l'association. Ils comptent sur nous. Nous qui avons tendance à nous morfondre sur notre sort en oubliant toutes ces personnes qui cachent derrière leur sourire une immense souffrance. Mais eux n'abandonneront jamais. Et nous devons lutter avec eux, et pour eux. Pour ceux qui sont partis, et ceux qui restent encore. L'espoir fait vivre.

Je vous écris ces quelques lignes en ce 30 avril, date anniversaire de la mort de Grégory, mais n'oubliez jamais que ce combat est quotidien. Printemps, été, automne, hiver, 30 avril, 14 janvier ou 4 août, des jeunes gens meurent sans que l'on ne s'en rende compte. Nous pouvons faire changer les choses. "Gagnons le combat pour que plus jamais la mucoviscidose ne nous arrache à ceux qu'on aime" - Laurence Lemarchal.

"Sous son regard, le combat continue"


Je vous invite désormais à vous rendre sur le site de l'association et à faire tout ce qui est en votre possible pour lutter, encore et toujours... Jamais la fin, ensemble continuons d'écrire l'histoire, celle de Grégory et de tous les autres.

Vous pouvez également vous procurer l'ouvrage bouleversant de Laurence Lemarchal, "Sous ton regard", paru aux éditions Michel Lafon en 2009.

mardi 1 avril 2014

Ce jour où Guillaume Gallienne m'a bouleversée


Voilà quelques mois déjà que j'ai eu la chance d'assister à une des premières projections publiques du film de Guillaume Gallienne qui a tant fait parler de lui ces dernières semaines, ce film qui a raflé cinq César parmi les plus prestigieux - meilleur film, meilleur premier film, meilleur acteur, meilleure adaptation, meilleur montage -, j'ai nommé "Les garçons et Guillaume, à table !". Cette avant-première avait lieu lors du Festival de Sarlat, auquel j'ai participé en novembre dernier, et au terme duquel le film a reçu le prix des lycéens. J'ai longtemps hésité avant de poster mon avis sur cette première réalisation, tant Guillaume Gallienne m'a bouleversée, ne trouvant rien à redire au point de lui attribuer une note de 5/5 lors du festival. Mais aujourd'hui, j'estime que le moment est venu. Voici donc, en quelques paragraphes, comment Gallienne est parvenue à atteindre quasiment la perfection en un long-métrage.


Guillaume Gallienne tombe le masque. Une jolie métaphore illustrée par le premier plan du film qui donne directement le ton. La comédie pour panser ses plaies, telle est la solution trouvée par Guillaume Gallienne. Mieux qu'une quelconque séance de psychanalyse, et pourtant Dieu sait qu'il en a testé des médecins, Guillaume. Pour comprendre, pour accepter. Pourquoi cette différence ? Pourquoi tant de jugements à son égard ? Et puis en grandissant, il a compris. Il s'est longtemps cherché, guidé par le spectre de sa mère adorée planant sans cesse au-dessus de lui. Elle voulait une fille, n'en avait jamais eu, Guillaume lui servirait donc de fille de substitution. Il a gravi les années sans se poser de questions sur sa sexualité. Il était Guillaume, la fille de maman, et il aimait les garçons, comme la plupart des filles. Il a rencontré Jérémy, en est tombé amoureux. Du moins c'est ce que le Guillaume façonné par sa mère croyait. Et puis un jour, après de nombreuses tentatives infructueuses, il a croisé le regard d'Amandine. La révélation. Guillaume était homme et parfaitement hétérosexuel de surcroît. Au travers d'une pièce de théâtre d'abord, puis de cette adaptation cinématographique, il nous raconte cette histoire unique en son genre. Pas pour régler ses comptes. Aucun esprit de vengeance. Guillaume a aimé sa mère et l'aimera toujours. Tout comme ses frères, son père et tous les personnages qu'il dépeint avec malice dans ce premier long-métrage. Au contraire, c'est ici une vibrante déclaration d'amour que ce comédien au talent démesuré leur fait. A eux mais aussi à toutes les femmes et tous les hommes.

Guillaume Gallienne interviewé par Philippe Lefait à Sarlat
Émouvante expérience. Tel est mon ressenti après deux visionnages des Garçons et Guillaume, à table. Sur le fond et sur la forme. Guillaume Gallienne, comédien du Français dont la réputation théâtrale n'est plus à faire, ajoute ici une corde à son arc en écrivant et réalisant ce film, en plus d'interpréter son propre rôle et celui de sa mère. Une mère qu'il connaît si bien et qu'il admire tant qu'il est capable de reproduire la moindre de ses mimiques, la moindre modulation de sa voix. Au-delà de l'incroyable histoire qui sert de toile de fond au film, la réalisation est surprenante, sobre mais délicate, soignée et agréable. Les allers-retours entre la scène du théâtre où Guillaume interprète son spectacle et les décors d'antan rythment parfaitement le film. La bande-son, des plus réussies, est un atout supplémentaire à ce film qui possède déjà une longue liste d'arguments pour nous convaincre.


Mais parlons donc de ce qui nous intéresse le plus : l'enfance, ou plutôt l'adolescence de Guillaume Gallienne et ses difficiles premiers pas dans la vie d'adulte dans laquelle il ne semble pas trouver ses marques. Né dans une famille aristocrate, Guillaume est un enfant choyé par sa maman qui voit en lui la fille qu'elle a toujours rêvé d'avoir. Dès son plus jeune âge, un fossé se creuse entre ses deux frères aînés et lui. Il sera Guillaume et eux les garçons. Son père, lui, n'accepte pas cette différence. Il a trois fils et souhaite que son cadet se mette à niveau égal avec ses frères. Mais Guillaume ne veut pas. Il est une fille parce que maman veut qu'il soit une fille et papa doit le comprendre. "Les garçons et Guillaume, à table !" se révèle être une succession de situations toutes plus cocasses et hilarantes les unes que les autres - un voyage en Espagne où Guillaume apprend à danser la « sévillanne », un séjour dans un internat anglais, une imitation de Sissi, de multiples rencontres avec des psys, des tests d'entrée pour l'armée, un tour dans une boîte gay... - agrémentées de répliques toutes extrêmement drôles - en témoigne cette phrase du médecin de l'armée qui, lorsque Guillaume renverse une mallette pleine de médicaments lui dit « Au moins vous n'êtes pas tout seul ! »


J'ai ri aux éclats tout au long du film la première fois que je l'ai vu. Étrangement, la seconde fois je n'ai dû laisser s'échapper que deux ou trois rires, la gorge nouée parce que je m'attardais sur la seconde facette de cette comédie bien plus sombre qu'il n'y paraît. Ce personnage complexe que s'était construit Guillaume lorsqu'il était enfant, puis adolescent, puis jeune adulte, nous touche sans que l'on puisse réellement s'y retrouver. Sa situation est vraisemblablement unique et bien que toute personne ayant vécu ou vivant encore dans un mal-être des plus profonds puisse parfois s'y identifier, notamment lors des passages chez les psychologues et autres psychanalystes, personne ne peut comprendre le combat entre l'enfant que Guillaume pense être et ce que tout le monde voit de lui. Si ce film est à mon sens une réussite totale, c'est parce qu'il parvient à nous bouleverser sans jamais tomber dans le pathos, à nous émouvoir sans jamais exagérer. Tout est savamment dosé, si bien que même la scène de la piscine, métaphore d'une tentative de suicide qui échoue, passe au premier abord pour une scène plutôt comique.

Nous assistons ici à la naissance d'un homme. Homme dont la vie n'a pas toujours été un long fleuve tranquille, mais qui a su trouver le chemin pour se débarrasser de ses blessures. Le théâtre pour panser ses plaies, voilà qui correspond bien à Guillaume Gallienne...



mardi 25 mars 2014

[Live-report] Les Frero Delavega à l'Accordeur


Peut-être faites-vous partie de ces millions de téléspectateurs qui laissent traîner leurs oreilles non loin de leur poste de télévision branché sur TF1 le samedi soir... Si c'est le cas, vous avez donc déjà forcément entendu leur nom. Ils s'appellent Jérémy Frérot et Flo Delavega, sont originaires du bassin d'Arcachon et se sont rencontrés sur la plage, à l'époque où ils étaient sauveteurs en mer. Je dis à l'époque car, oui, leur duo ne date pas d'hier mais bien d'il y a... six ans. Avant d'intégrer la prestigieuse équipe de Mika dans The Voice, les deux garçons se sont fait un nom dans le petit monde de l'internet en postant régulièrement des covers sur leur chaîne Youtube, accumulant rapidement quelques 200 000 vues. Après avoir reçu plusieurs propositions, c'est chez AZ qu'ils ont finalement signé il y a deux ans. Les Fréro Delavega sont en tournée depuis le début du mois de mars, accompagnés par les chanteurs Pep's et Florent Mothe, dans le but de présenter au grand public les titres qui composeront leur premier album, dont la sortie est prévue pour le mois de juin. Vendredi dernier, Jérémy et Flo étaient de retour au pays, et c'est à l'Accordeur, dans le petit village de Saint Denis de Pile, que j'ai enfin pu assister à un de leurs concerts, après un peu plus de deux ans de soutien.



C'est non sans surprise que j'ai découvert une salle remplie, en majorité par des jeunes filles venues applaudir deux jeunes hommes particulièrement charmants qu'elles avaient pu voir, comme beaucoup, dans The Voice, et dont elles avaient pu apprécier les jolies (très jolies) reprises de Caroline de MC Solaar et de Il y a de Vanessa Paradis, en battle avec le violoncelliste Quentin, battle qu'ils ont remportée et qui a fait un buzz énorme sur Twitter lors de sa diffusion. Nous avons d'abord assisté à deux premières parties, Florent Mothe d'abord, puis Pep's. Je connaissais de ce dernier, bien évidemment, le titre Liberta, sorti il y a six ans déjà, et c'est avec un grand plaisir que j'ai pu découvrir son univers. Je vous encourage à aller jeter un oeil à ses "nouveaux" titres - du moins ceux qui ont suivi Liberta mais que peu de monde semblait connaître, moi y compris - notamment ce "Madiba", hommage à Nelson Mandela composé il y a deux ans déjà.


Au bout d'une heure, les Fréro sont entrés en scène et ont vite installé une ambiance chaleureuse : détendus, souriants, heureux de jouer devant leurs familles, les garçons nous ont donné l'impression d'assister à un concert à la maison... où nous étions 450. Si le duo tourne depuis déjà plusieurs années, leur budget musique reste le point noir : pas les moyens d'engager un groupe, ni même d'investir dans du matériel. Ils ont donc tout misé sur leurs voix, leurs guitares et deux pédales loop, Justine et Julie (sic), qui leur permettent "d'enregistrer des choses avant, pendant et après, ça ne sert à rien après mais on peut le faire aussi", pour citer Flo, qui était plutôt très en forme ;)

Dès le départ, on a senti une volonté forte de se présenter en tant que groupe-dont-l'album-va-bientôt-sortir, tentant de gommer au maximum cette étiquette de beaux gosses du net ou de stars de The Voice. Ils nous ont présenté l'intégralité de leur futur album, savant mélange de titres en français et en anglais, jouant sur une interaction très forte avec leur public, nous faisant participer dès les premiers titres, que personne ne connaissait pourtant. Ce sont des titres malins, très efficaces : des refrains que l'on retient facilement et qui restent longtemps en tête, des mélodies entraînantes, le tout avec la dose d'humour nécessaire. Une belle surprise.

Une invitée spéciale a fait son apparition sur scène en milieu de concert. Il s'agit de Natalia Doco, jeune chanteuse d'origine argentine dont le premier EP sortira le 15 avril. Après un trio sur Comets de Cocoon, une des covers qui avait fait connaître les Fréro sur le net, la jeune femme nous a interprété deux compositions en espagnol, ainsi qu'une reprise de Reckoning song d'Asaf Avidan et de Clandestino de Manu Chao. Un bel intermède qui s'est conclu sur une exclusivité, un titre avec les garçons composé trois semaines auparavant. Un titre "calor calor" plein d'humour, à l'image de l'intégralité des titres que le duo aura joués ce soir-là.



Mais les Fréro Delavega, nous les avons d'abord connus avec des reprises toutes plus surprenantes les unes que les autres, et, pour la plupart, c'est grâce à celles-ci que nous étions présents dans cette salle. Et ça, le duo ne l'a pas oublié. C'est avec un immense bonheur que nous avons repris avec eux Il y a. "Papapa, papapa"... Nous avons également eu droit à leur reprise acoustique de PIMP de 50 cent. Puis, après avoir quitté la scène, le duo est revenu au milieu de la foule et nous a fait asseoir avant de reprendre Caroline dans l'esprit d'un concert sauvage, comme ils en ont fait pendant longtemps. Ce concert s'est achevé sur leur reprise de Pursuit of happiness, de Kid Cudi... Un titre de circonstance puisque si nous étions venus à la recherche du bonheur, c'est sans nul doute que nous sommes repartis avec.

Je vous invite donc vivement à surveiller les actualités du groupe, vous n'avez pas fini d'entendre parler d'eux... Voici par ailleurs les dates de leur tournée qui se termine très bientôt :



mercredi 29 janvier 2014

Nouvelle Star, un spectacle de qualité

Pardonnez-moi pour l'absence de billet sur les deux précédents primes de l'émission, mais j'ai été pas mal occupée et je ne serai donc pas en mesure de rattraper ça. Ce sont donc Claudia et Mehdi qui ont quitté l'aventure ces deux dernières semaines. L'élimination de ce dernier a suscité de vives réactions sur la toile, bon nombre d'internautes estimant qu'il avait signé-là son meilleur prime (pendant lequel il avait fait l'unanimité au sein du jury et du public en obtenant un total de dix bleus) et que Sirine aurait dû partir à sa place. La polémique du changement de règle du deuxième prime a resurgi : une majorité de personnes a une nouvelle fois pensé que la production protégeait la jeune fille. Cette dernière ne semblait donc pas avoir le droit à l'erreur jeudi dernier. C'est -malheureusement- sans grande surprise qu'elle a été éliminée, sanctionnée par deux rouges d'un public visiblement décidé à lui faire payer l'élimination de Mehdi.

(c) D8 / Nouvelle Star

J'ai vécu ce prime d'une façon assez particulière puisque j'étais présente à l'Arche Saint-Germain. Mon tout premier prime de Nouvelle Star, après neuf ans d'amour. Autant vous dire que j'étais envahie par la joie et que, malgré tous les soucis qu'il a pu m'arriver ce soir-là (et dieu sait qu'il y en a eu...), j'ai profité de ce moment au maximum. J'ai donc été très surprise en me connectant sur Twitter le lendemain, tant les critiques me paraissaient virulentes. Cependant, je dois vous avouer que tout ne m'a pas transportée dans un univers parallèle. Certains candidats se sont démarqués plus que d'autres. Retour sur une soirée riche en émotions.

C'est sur MGMT que les six finalistes ont fait leur entrée. Cette collégiale annonçait la couleur de la soirée : un niveau toujours plus haut et une programmation de plus en plus pointue. Quel bonheur de voir ces six talentueux candidats s'affirmer de semaine en semaine et parvenir à nous livrer une performance aussi intéressante. J'ai d'ailleurs pu constater l'aisance avec laquelle ils flirtent désormais avec les caméras et le public, comme s'ils l'avaient toujours fait. Au-delà du travail vocal, il ne faut pas sous-estimer l'importance de l'apprentissage du monde de la télévision. Tous sont admirables de ce point de vue là.


Celle qui ouvrait le bal, c'était Yseult, comme lors du tout premier prime de cette saison, lors duquel elle avait placé la barre très haut avec une reprise bluffante et très théâtrale de Papaoutai. Ce soir-là, elle interprétait Creep, titre loin de son univers et qu'elle ne connaissait pas une semaine auparavant. Alors évidemment, ça a joué sur sa prestation. Si la jeune femme a livré une performance d'une justesse impeccable, toujours aussi à l'aise sur scène, faisant le show comme personne, si bien qu'on aurait pu la prendre pour une guest, il est néanmoins difficile de ne pas admettre qu'elle semblait ne pas vraiment comprendre le sens de la chanson, plaçant des "yeah" à plusieurs reprises, ce qui a eu le don d'agacer les puristes de Radiohead. Elle a cependant une nouvelle fois obtenu quatre bleus du jury, parvenant même à les faire se lever pour l'applaudir. Même Sinclair. Surtout Sinclair. Si bien qu'il en a oublié de voter. Ajoutons à cela un cinquième bleu de la part du public, et voilà une ouverture de prime plutôt réussie.

Venait ensuite le tour de Dana, qui pour son premier solo, avait choisi d'interpréter You know I'm no good, le titre phare d'Amy Winehouse, sur lequel beaucoup se sont cassé la figure. Ca n'a pas loupé pour Dana. Ce titre est quasiment impossible à chanter et, bien qu'elle soit parvenue à se détacher de la version originale, elle nous a livré une version quelque peu ennuyante. Mais seul Sinclair a été de cet avis, puisque les trois autres jurés ont décidé de mettre un bleu à Dana, tout comme les téléspectateurs.


La première voix masculine de la soirée était celle d'Alvaro, qui défendait sa place sur Protège-moi de Placebo. Le jeune homme n'a malheureusement pas convaincu Sinclair et Maurane qui, à l'instar du public, ont voté rouge. Sur le plateau, Alvaro a emporté le public, se donnant à fond sur scène. Malheureusement, en regardant le prime à la télé, j'ai remarqué que sa présence scénique passait à l'écran d'une façon très étrange. On le voit, gesticulant à droite à gauche, comme un peu perdu, alors qu'Alvaro est tout l'inverse de ce qu'on peut voir. Une belle découverte live, donc.

Encore du français pour le quatrième passage de la soirée, celui de Sirine, attendue au tournant par un certain nombre de téléspectateurs. Malgré quelques faussetés évidentes, la demoiselle a livré une jolie prestation qui a plu à Maurane et Olivier Bas. Bien loin de ses premiers pas sur la scène de l'Arche, où elle avait scotché tout le monde avec ses reprises de Comme un boomerang, Royals ou encore Can't hold us, Sirine semblait fragile et s'est laissée terrasser par l'appréhension de la soirée. Le public, bien décidé à la faire partir, a voté rouge, ce qui n'a pas aidé la jeune fille à reprendre confiance pour le reste de l'émission...


Ensuite, c'est Mathieu qui est entré en scène. Le désormais célèbre "farfadet", chouchou des téléspectateurs, a proposé une version de What a feeling, extrait de la BO de Flashdance, inspirée de celle de Yael Naïm. C'est avec grand regret que j'avoue ici m'être profondément ennuyée l'espace de trois minutes. C'est donc sans trop de surprise que j'ai découvert le verdict mitigé du jury. Baptisé au rouge par Sinclair et Maurane, Mathieu est resté trop prudent, surtout pour un sixième prime... Mais le public s'est accordé au bleu de ses yeux, comme pour dire au jeune homme : "Mathieu, WE WANT YOU en finale" comme il était écrit sur une pancarte fièrement arborée sur le plateau par une fan.


Pour boucler ce premier tour, c'est Pauline, la benjamine du groupe, qui est entrée en scène. Une mise en scène soignée, des spots partout sur le plateau pour une interprétation sublime de Because the night de Patti Smith. Elle parvient à réunir le jury qui semblait en profond désaccord depuis la prestation de Dana. Quatre bleus, et un cinquième du public, pour une jeune fille de plus en plus assurée et dont la progression est fulgurante. Mais où est donc passée la chanteuse de salle de bain du théâtre ? Disparue, gommée, envolée. Popi se révèle et nous, on lui tire notre chapeau.

Retour d'Yseult pour son solo en français. La "patronne", comme la surnomme Manoukian, interprète un titre de Benjamin Biolay, Ton héritage. L'Arche Saint Germain se tait. La voix d'Yseult, puissante et maîtrisée, chargée en émotions, transperce les murs du chapiteau et nos petits coeurs. Les bouches sont ouvertes mais aucun son ne sort. La lumière se rallume, ou peut-être ne s'est-elle jamais éteinte, personne n'en sait trop rien, et les mains applaudissent. De façon mécanique. On ne comprend plus où l'on se trouve. C'est la présence de Cyril Hanouna qui nous ramène à la raison. Une telle performance en prime sur D8 ? Je me suis crue à un concert d'Yseult, ces trois minutes, à la fois si courtes et si longues, resteront gravées longtemps dans ma mémoire. Dans celle des jurés aussi visiblement. Une nouvelle fois, Yseult aligne quatre lumières bleues. On lève la tête. Le public est d'accord. Définitivement, cette fille est une reine.


C'est donc la tête encore dans les étoiles que je m'apprête à écouter le solo en français de Dana. Si j'étais un homme. La première moitié de la chanson, impossible pour moi de me détacher de ce que je viens d'entendre. Je tente de rentrer dans la chanson sans y parvenir. Dana chante bien. Dana chante juste. Mais je n'arrive pas à être touchée. Sans doute sa voix me paraît-elle trop commune. Ou peut-être est-ce parce que j'ai l'impression qu'elle ne vit pas ce qu'elle chante... Et si, cette fois-ci, elle parvient à convaincre Sinclair, c'est Olivier Bas qui vote rouge. Le public lui, vote bleu. Et c'est compréhensible, et mérité. Après tout, les goûts et les couleurs...

Pour son deuxième titre, Alvaro voit grand. Deux légendes en trois minutes. Il s'attaque à Under Pressure, de Bowie et Queen. Et il parvient à les dompter, avec une aisance incroyable. Alvaro s'amuse avec son public. Il improvise une petite chorégraphie des mains : claque des mains, claque des doigts, claque des mains, claque des doigts. Et le public suit. Là encore, la sensation d'être à un concert domine. Le temps est suspendu, et le retour à la réalité est difficile. Pour la première fois, le jeune homme parvient à faire l'unanimité. Cinq bleus. J'aurais juste envie de dire : enfin...


Sirine, elle, a encore eu droit à un titre électro alias "le-tube-du-moment-celui-qui-fait-trop-le-buzz" : Photomaton de Jabberwocky. Sur le plateau, emportés par l'ambiance, nous ne réalisons pas vraiment ce qu'il est en train de se passer. Mais en regardant Sirine à la fin de sa prestation, on comprend. Elle a perdu pied, et elle a compris. Ce soir, c'est la fin. Les lumières du jury s'allument. Quatre tristes boutons rouges. Sirine n'est pas parvenue à lutter... Le jury, très justement, lui parle de ses problèmes de justesse qui, à ce stade de la compétition, ne sont plus pardonnables. Le public, toujours aussi remonté contre la jeune fille, lui accorde également un rouge. Sans doute un verdict un peu trop dur... Mais il est vrai qu'on ne peut plus faire d'impasse à deux primes des quarts de finale.

Mathieu, bien décidé à réconcilier le jury, entre en scène pour interpréter Toute la pluie tombe sur moi de Sacha Distel. Avec ses gros yeux, ses mimiques, Mathieu agace autant qu'il plaît. Pourtant, dès qu'il ouvre la bouche, tout le monde semble s'accorder : le bonhomme a un sacré talent. Malheureusement, il ne l'a sans doute pas assez exploité ce soir. Bien qu'on ne puisse trouver de défaut particulier à cette prestation, impossible de ne pas faire la comparaison avec le deuxième prime, où Mathieu avait interprété La mer. Le jeune homme semble s'être quelque peu reposé sur ses lauriers et a assuré ses arrières avec deux prestations agréables mais sans grand intérêt. J'entends par là : Mathieu sait tout faire. Alors par pitié, plus jamais deux fois la même chose.

Pour clore la soirée, Pauline a choisi Bang bang. En français. Tristesse. Mais quel joli moment. Pauline a travaillé. Beaucoup. Et ce qu'elle a présenté ce soir, j'en suis certaine, ce n'est qu'un quart de ce qu'elle a encore sous la semelle. Si je n'ai pu m'empêcher de faire la comparaison avec la saisissante version d'Ycare en 2008, j'ai vite décidé d'arrêter les parallèles. Pauline est Pauline et elle est surtout impressionnante. Nul doute qu'elle est bien partie pour connaître le succès...

(c) D8 / Nouvelle Star

Après l'élimination de Sirine, ils ne sont donc plus que cinq à pouvoir encore prétendre au titre de Nouvelle Star 2014. Si vous vous souvenez de mon premier article concernant l'émission, je vous donnais mes favoris avant le théâtre. Je pariais à l'époque sur trois noms : Pauline, Yseult et Mathieu. Oh... je ne m'étais donc visiblement pas trompée sur la marchandise. Demain, nous connaîtrons l'affiche des quarts de finale. Ces trois-là devraient logiquement en être. La quatrième place devrait donc se jouer entre Alvaro et Dana. Tous deux ont connu le rouge du public à plusieurs reprises, et il est donc délicat d'émettre un pronostic fiable. Si l'on s'en tient aux commentaires des téléspectateurs, c'est Dana, qui agace depuis ses débuts tant elle semble protégée par le jury et plus particulièrement par Maurane (cf sa qualification au théâtre malgré une extinction de voix), mais si on se fie à la taille de leurs communautés, Alvaro, avec ses quelques 3000 followers, semble nettement plus en danger que Dana qui en rassemble plus de 5000. Quoiqu'il advienne, la demi-finale semble déjà parfaitement dessinée. Et si beaucoup parient sur une finale Mathieu-Yseult avec victoire de Mathieu (je fais partie de ceux-là), méfiance ! Souvenez-vous de cette demi-finale de l'année 2009 qui opposait Camélia-Jordana, Soan et Leïla. Personne n'aurait parié sur la présence de cette dernière en finale, puisque Camélia était déjà annoncée gagnante depuis de nombreuses semaines. Mais l'improbable s'est produit. Alors, je m'adresse ici aux fans, et à ceux qui pensent que voter ne sert à rien puisque tout est truqué. Non, je ne bosse pas pour D8, ce que je vais dire ici ne me rapportera rien mais il s'agit malheureusement d'une vérité générale. Pour voir vos prédictions s'accomplir, il faut voter... Le favori n'est jamais plus en sécurité que l'outsider. Et puis... que le meilleur gagne. Une chose est sûre, ces cinq-là ont déjà gagné énormément...

  

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